Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/463

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fit le Plaiſir de me dire, comment il ſçait, qu’un tel Signe reſſemble plûtôt à une Vierge qu’à un Clocher ; & comment il a pû trouver d’aſſez bons Téleſcopes, pour diſcerner cette Reſſemblance d’une Diſtance peut-être de plus de trente millions de Lieues. Juſqu’alors, je ne ſçai ſur quoi il aſſure, qu’on vomit aiſément, lorſqu’on prend Médecine quand la Lune eſt ſous le Bélier. Je ſuis en Droit de lui ſoutenir, qu’on doit au contraire être ſujet à ſe donner une Entorſe, ſi l’on vient à danſer alors, parce que le Signe, qu’il croit reſſembler au Bélier, a la Figure d’un Danſeur de Corde. Sur cette Suppoſition, je ferai, s’il m’en prend envie, des Prédictions tout comme lui, où, parmi une infinité de fauſſes, il y en aura par hazard quelques-unes de véritables. Il ne reſtera plus après cela, qu’à ſavoir ſi ma Science vaudra mieux que la ſienne, & ſi le Danſeur de Corde éxiſtera véritablement dans le Ciel.

Monsieur Bernier a recueilli la même Moiſſon de Gloire, que tous les Grands-Hommes qui ont écrit contre l’Aſtrologie Judiciaire : & voici, Madame, un Paſſage de cet Auteur, qui ſuffira pour vous démontrer évidemment le