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comment, après des Marques ſi viſibles de la Fauſſeté de l’Aſtrologie Judiciaire, il peut encore ſe trouver quelqu’un aſſez crédule, pour y ajouter Foi[1].

À quoi ſert de vouloir ſavoir ce que nous ne pouvons connoître ? Dieu n’a point voulu nous révéler certains Secrets. N’eſt-il pas ridicule de croire qu’il les a écrits dans les Aſtres ? Une impertinente Curioſité n’a pas peu ſervi à mettre en vogue l’Aſtrologie Judiciaire, & à lui donner un grand Crédit. Chacun croit avidemment ce qui le flatte. Elle promet des Richeſſes, des Honneurs, des Tréſors. N’eſt-il pas naturel qu’on aime à lui donner la Croïance ? Et, quant à ceux qu’elle ménace de quelques Dangers, la Crainte, la Superſtition, l’Envie d’éviter le Péril, ſuffiſent pour leur faire regarder ſes Prédictions comme des Inſtructions eſſentielles. Il eſt peu de Perſonnes, qui, ſatiſfaites du Préſent, n’aiment point à s’embarraſſer

  1. Quam multa ego Pompeio, quàm multa Craſſo, quàm multa huic ipſi Cæſari, à Caldæis dicta memini, neminem eorum, niſi Senectute, niſi cum Claritate, eſſe moriturum : ut mihi permirum videatur quemquam extare qui etiam non credat iis quorum Prædicta quotidie videat Re & Eventu refelli. Cicero de Divinatione, Libr. II.