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vous le dire ? C’eſt, cependant, la plus fauſſe, & la plus trompeuſe. Les Préjugés vous ont empéchée juſqu’ici de faire Uſage de votre Raiſon. Vous avez ajouté une entiere Croïance aux Contes & aux Fables, qu’on vous avoit dit dans votre Jeuneſſe. Mais, j’ôſe me flatter de vous convaincre évidemment de l’Erreur où vous êtes : & je vous montrerai ſi clairement le Ridicule de l’Aſtrologie Judiciaire, que vous aurez pour elle autant de Mépris qu’en ont eu les plus grands Hommes anciens & moderne. Cette Science trompeuſe a été regardée de tout Tems comme le Partage de quelques Menteurs, qui, par un ſale Intérêt, duppent les autres, & ſe duppent eux-mêmes. Ils enveloppent leurs Prédictions de tant d’Obſcurité, il les annoncent dans des Termes ſi ambigus, que, ſemblables aux anciens Oracles, elles ont toujours deux ou trois Sens différens, & peuvent être expliquées ſuivant les Tems & les Perſonnes, & ſelon le Commentaire qu’il leur plaît d’en donner.

Il y avoit autrefois à Alexandrie une Coutume, par laquelle les Aſtrologues étoient obligés de païer un certain Im-