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Il eſt encore un autre Ecueil, qu’il faut éviter, pour ne point s’égarer : c’eſt de ne point recevoir ſans Examen bien des Faits qu’on appuïe de l’Autorité de la Révélation : on ne doit les croire aveuglément, que dans les Matieres que la Raiſon ne ſauroit juger, ou ſur lesquelles elle ne peut porter des Jugemens probables : mais, dans celles, dont elle peut avoir une Connoiſſance certaine, elle doit être abſolue Maitreſſe, & décider en Souveraines parce qu’il eſt certain, que toute Choſe contraire & incompatible aux Déciſions claires & évidentes de la Lumiere Naturelle ne peut avoir été révélée par Dieu, qui ſeroit un Trompeur, s’il nous ordonnoit

    quoniam ejus Intellectus fuit Finis Humani Intellectûs. Quare bené dicitur de illo, quod ipſe fuit creatus & datus nobis à Divinâ Providentiâ, ut non ignoremus poſſibilia ſeiri. «  Averroès devôit même dire, que la Divine Providence nous avoit donné Ariſtote pour nous apprendre ce qu’il n’eſt pas poſſible de ſavoir ; car, il eſt vrai que ce Philoſophe ne nous apprend pas ſeulement les Choſes que l’on peut ſavoir ; mais, puiſqu’il le faut croire ſur ſa Parole, ſa Doctrine étant la ſouveraine Vérité, ſumma Veritas, il nous apprend même les Choſes qu’il eſt impoſſible de ſavoir. » Mallebranche Recherche de la Vérité, Livr. III, Chap, III pag. 180.