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res de ſuite ſans penſer & ſans ſe connoître elle-même, dans un Sommeil ſemblable à celui où ſe livre le Corps, pourquoi ne pourra-t-elle pas, ainſi que lui, trouver un jour une Mort éternelle, puisqu’elle eſt ſujette à une momentanée ? Il faut donc avouër de bonne-foi, que nous n’avons aucune Preuve certaine de l’Immortalité de l’Ame, que par la Revélation. Les Juifs avoient parmi eux une Secte, qu’ils ne ſéparérent jamais de leur Communion, qui croïoit l’Ame mortelle : & il faut avouër, que, ſi la Foi ne fixoit nos Doutes, il ſeroit bien difficile de concevoir qu’une Choſe, qui a eu un Commencement, ne doive point avoir de Fin. Cependant, l’Immortalité de l’Ame, quoique difficile à connoître, ne répugne point à la Raiſon, qui nous montre, que Dieu, qui a eu la Puiſſance de créer une Subſtance, ſoit matérielle, ſoit ſpirituelle, a ſans doute celle de la prolonger tant qu’il le juge à propos, & éternellement s’il le veut. Ainſi, c’eſt dans la ſeule Volonté de la Divinité, qu’il faut prendre la Preuve de l’Immortalité de l’Ame. Toutes, les autres, qu’on veut tirer de ſa Nature, & de ſon Eſſence,