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vinité que par forme, & pour ne point révolter l’Eſprit du Peuple, étoient bien éloignés de croire que l’Ame eut été créée par la Volonté de Dieu.

Je vais éxaminer à préſent, Madame, ſi, en admettant un Dieu ſpirituel, bon, intelligent, juſte, & puiſſant, il s’enſuie que l’Ame doive être néceſſairement immortelle ? Il faut, pour donner plus d’Etendue à cette Queſtion, conſidérer l’Ame comme une Subſtance incorporelle ; parce que, ſi l’on peut prouver qu’une Subſtance ſpirituelle peut n’être pas éternelle, il ſera très aiſé de faire une Application de toutes ces Preuves à une Subſtance étendue ; beaucoup plus ſujette par conſéquent à la Diviſion & à la Deſtruction. Je vous ai déjà dit, Madame[1], que, lorſqu’on objecte, que l’Ame ſpirituelle, n’étant point compoſée, & n’étant point diviſible, ne peut être détruite, cet Argument n’a de Force qu’autant qu’on ſuppoſe que le Créateur a voulu qu’elle fût immortelle : puiſque celui qui crée de Rien une Choſe, ſoit ſpirituelle, ſoit corporelle, peut lui fixer un Tems où elle retournera à Rien ; excepté qu’on ne ſe figure, qu’il faut beaucoup plus de Puiſ-

  1. Voïez le § XII