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foibles en Raiſon, &c. Si ce Portrait-là ne convient du tout point à Montagne, il faut donc avouër, qu’il n’étoit point Pédant. Examinons cette Queſtion ſans prévention.

On blâme Montagne de ce qu’il n’a fait ſon Livre, que pour ſe peindre, & pour repréſenter ſes Humeurs & ſes Inclinations. Il eſt vrai, que Montagne a écrit comme un Homme du Monde, & un Gentilhomme, doit écrire pour ſa Satiſfaction & pour ſon Utilité particulière. Mais, aïant reconnu enſuite, que le Public pourroit retirer quelque Profit de ſes Ouvrages, il les lui a donnez tels qu’ils étoient, & n’a pas crû qu’il dût ſervir de Prédicateur au Genre-Humain : il s’eſt contenté de l’inſtruire & de l’amuſer en même tems. S’il n’avoit eu que le Deſſfein de l’ennuïer par quelques Préceptes Moraux, il eut fait des Eſſais tels que ceux de Nicole. On reproche encor à Montagne, qu’il eſt peu de Chapitres où il ne parle de lui. Il en parle avec une ſi grande Sincérité, que l’on connoît aiſément, que c’eſt moins par Vanité, que pour inſtruire ſes Lecteurs. Il eſt certain, dit M. Coſte, que ſon Portrait eſt comme un Miroir fidele, où tous les Hommes