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§. XVIII.

de l’Immortalité de l’Ame.


Il eſt auſſi difficile de prouver démonſtrativement l’Immortalité de l’Ame, que ſa Spiritualité : &, quoiqu’il n’y ait rien de contraire à notre Raiſon, de croire que Dieu puiſſe conſerver pendant toute l’Eternité un Etre qu’il a créé, on n’a cependant aucune Preuve Philoſophique, qui puiſſe mettre en Evidence cette Vérité, dont la ſeule Révélation nous donne l’Aſſurance.

Les Epicuriens, qui croïoient l’Ame, formée par ce Concours aveugle qui avoit produit tous les autres Etres, aſſuroient qu’elle étoit mortelle. Le Corps & l’Ame, dit Lucrece, ſont d’un même Age : leur Alliance inſéparable reçoit une mutuelle Augmentation ; & le Tems les aſſujettit également aux Infirmitez de la Vieilleſſe. N’eſt-il pas ſenſible, que la Faculté ſpirituelle eſt informe dans le Corps tendre & foible des Enfans ; & que les Parties étant fortifiées, parle Bienfait d’un Age perfectionné, jugement eſt dans toute ſa Force, & que l’Eſprit fait des Productions proportionnées