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ceux qui accordent aux Bêtes une Ame matérielle. Dans certains Animaux, dont les Parties ſeparées retiennent chacune le Sentiment, il reſte du Mouvement & non du Sentiment dans les Parties ſéparées, juſques à ce que les Eſprits vitaux en ſoient entiérement exhalez : mais, il n’y a de la Senſation que dans le Tronc où ſe trouvent la Tête & les Parties nobles. Enſorte que, lorſque l’on ſépare un Serpent en deux, la Queue n’a que du Mouvement ; & la Partie, qui tient à la Tête, ſi elle eſt conſidérable, conſerve quelques Momens la Senſation. Et ſi l’on dit, que les Parties, qui ne ſont point-avec la Tête, paroiſſent ſenſibles lorſqu’on les coupe, & qu’on les perce, on peut répondre ce que les Cartéſiens diſent pour prouver que les Bêtes n’ont point d’Ames : c’eſt que ces Parties évitent machinalement, ſans Crainte, & ſans Douleur, tout ce qui eſt capable de les détruire ; parce que Dieu a attribué à quelques-unes la Faculté de guérir & de pouvoir ſe rejoindre enſemble, lorſqu’elles ne ſont point trop diviſées, & maltraitées. Mais, quand il ſeroit vrai, que les Animaux, en qui l’on voit du Mouvement dans les Parties après leur Diviſion, n’auroient aucun Eſprit de Réunion, en accordant