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ant-Homme, qui ne pouvoit ſe défendre. Ce qu’il y a de plaiſant, c’eſt que le Pere Mallebranche tombe lui-même, en réfutant Montagne, dans tous les Déſauts qu’il lui reproche. Il fait d’abord un long Détail des Qualitez du Pédantisme qu’il attribue à cet Auteur ; lequel, au Jugement de tous les Connoiſſeurs, eſt l’Ecrivain le plus éloigné de ce Défaut. Cependant, à force de Diviſions & de Subdiviſions ; &, traittant des Attributs du Pédant, d’une Façon auſſi abſtraite que des Idées par leſquelles nous voïons tout en Dieu[1], il conclut que Montagne s’eſt plûtôt fait un Pédant à la Cavaliere, & d’une Eſpece toute ſinguliere, qu’il ne s’eſt rendu raiſonnable, judicieux, & honnête Homme[2]. Ce dernier Mot emporte une Injure aſſez groſſiere : car, quiconque n’eſt pas honnête Homme, eſt un Fripon. Mais, laiſſant à part ces Invectives, voïons ſur quoi le Pere Mallebranche condamne Montagne ſi hardiment. Les Pédans, dit-il, ſont vains, fiers, de grande Mémoire & de peu de Jugement, forts en Citations, malheureux &

  1. Recherche de la Vérité, Part. I, Livr. III, Chap VI.
  2. Part. III, Livr, II, Chap. V.