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fortes, que ſe le figurent les Cartéſiens. Car, Dieu peut accorder, à un certain Nombre & à une certaine Quantité d’Atomes, la Faculté de la Perception & du Sentiment, lorſqu’ils ſont liés enſemble d’une certaine manière qu’il détermine ; & vouloir en même tems, que, dès que cet Aſſemblage eſt diſſous & rompu, ces mêmes Atomes deviennent inſenſibles.

Mais, dira-t-on, vous compoſez un Tout ſenſible de Parties non-ſenſibles ; & cela répugne. Je répons, que les Parties, ou les Atomes, qui forment l’Ame, ne ſont point inſenſibles tant qu’elles ſont dans cet Arrangement que Dieu leur donne pour conſtruire la Nature de l’Ame ; mais, qu’elles le deviennent, dès qu’elles ſe deſuniſſent, & que Dieu permet qu’elles ſoient détruites. Et l’on ne doit pas trouver extraordinaire, que je ſoutienne, que Dieu communique, le Sentiment à la Matiere ſubtile & déliée qui forme l’Ame des Bêtes, & qu’il le lui ôte enſuite. Car, il eſt très facile à celui qui a pû rendre cette Matiere capable de ſentir lorſqu’elle étoit dans un certain Mode, de la rendre inſenſible quand elle change de Figure, de Forme, de