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§. XV.

Réponse à une Objection
des Cartésiens contre la
Matérialité de l’Ame.


Si l’Ame étoit corporelle, diſent les Cartéſiens, elle ſeroit diviſible en pluſieurs Parties, dont chacune ſeroit un Ame. Ainſi, l’Ame d’un Cheval ſeroit très réellement une Multitude d’Ames, à qui l’Unité ne conviendroit que de la maniere qu’elle convient à une Machine, ou à une Confédération d’Hommes qui s’entendent bien enſemble… Il y a des Animaux, dont les Parties ſeparées retiennent chacune le Mouvement & le Sentiment. D’où l’on conclut, que l’Ame de chaque Bête n’eſt pas un Principe unique des Actions vitales… Un bon Nombre de Scolaſtiques ſuppoſent que l’Ame d’un Chien, quoique matérielle est indiviſible : cela eſt abſurde. Les autre la font compoſée de Parties intégrantes. Or, n’eſt-ce pas enſeigner réellement, qu’elle eſt un Amas de pluſieurs Ames, comme le Corps de chaque Bête eſt un Amas de plusieurs Corps ?

Ces Objections ne ſont point auſſi