ſur la prétendue Croïance de l’Impoſſibilité de la Matérialité de l’Ame. Je demande, s’il n’eſt pas auſſi vrai-ſemblable, que Dieu donne la Perception à certains Atomes & Corpuſcules légers, que d’accorder à des Machines le Pouvoir d’agir avec autant de Sageſſe, que ſi elles étoient intelligentes ? Mais, je vais plus avant, & je ſoutiens, que les Bêtes ont une Ame capable de toutes les Opérations que forme l’Eſprit de l’Homme. La prémiere eſt de concevoir, la ſeconde d’aſſembler ſes Penſés, & la troiſieme d’en tirer une juſte Conſéquence. Je vois diſtinctement dans le Chien ces trois différentes Opérations, quand je veux l’apprendre à ſauter ſur un Bâton. Lorſqu’il ſaute, je le flatte : prémiere Penſée. Je le bats, lorſqu’il ne ſaute pas : ſeconde Penſée. Il ſaute toujours : voilà la Conſéquence des deux prémieres Penſées. Je réduis en Forme l’Argument que fait le Chien. Si je ſaute, je ſuis flatté. Si je ne ſaute pas, je ſuis battu. Sautons donc.
Si les Animaux ne ſont que de ſimples Machines, incapables du Sentiment & de la Connoiſſances ; ſi elles ne peuvent ſentir, ni Douleur, ni Plaiſir,