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Les Dévots de Port-Roïal ſe déchaînèrent[1] non-ſeulement contre ſes Ecrits, mais même contre ſa Perſonne. Je m’étonne, que des Gens, dont la Vanité n’en vouloit qu’aux Papes & aux Evêques, aïent pû s’amuſer à dénigrer la Réputation d’un ſimple Particulier. Il falloit que ces ſaints Solitaires euſſent choiſi, pour déchirer Montagne, un de ces Momens qu’ils emploïoient pieuſement à lire le Roman de Clélie, où ils étoient exceſſivement louez[2], & qu’ils placèrent dans leurs Bibliothèques à côté de l’Enuque de Térence, qu’ils avoient traduit en François pour purifier les Mœurs des jeunes Gens par ſa Lecture[3]. Mallebranche, né & nourri dans les Idées de Port-Roïal, diſtila auſſi ſa Bile ſur Montagne, & n’épargna, ni ſa Perſonne, ni ſes Ecrits. Je ne comprens pas comment un Philoſophe auſſi éclairé que lui, qui ſanctifie toutes les Pages de ſes Ecrits par des Réfléxions pieuſes, ne s’eſt pas apperçû, qu’il ne convenoit guéres d’attaquer perſonellement un Gal-

  1. Dans l’Art de penſer.
  2. Sous des Noms empruntez.
  3. Ces Mrs ont auſſi traduit les cinq autres Comèdies de cet Auteur.