Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/408

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’eſt point de la Matiere, il faut avoir prouvé évidemment, que la Matiere eſt incapable du Sentiment & de la Perception, & qu’elle ne peut en être ſuſceptible, même par le Pouvoir de Dieu. Pourſuivons l’Examen des Raiſons du Pere Mallebranche. L’Intelligence, dit-il, que marquent les Bêtes, paroît infiniment ſage, infiniment puiſſante. Ainſi, il ne doit y avoir dans les Bêtes aucune Intelligence même ; parce que, ſi l’Intelligence, qu’on y découvre y étoit une Suite de leur Âme, elles auroient plus de Perception & d’Intelligence, que le plus ſpirituel des Hommes, qui ne ſauroit en connoître les Mouvemens & les différentes Parties[1].

Je ne puis comprendre ſur quoi le Pere Mallebranche ſe figure, qu’une Choſe ne doive pas être, parce qu’elle eſt au-deſſus de la Portée de la Connoiſſance Humaine. Eh quoi ! Parce que notre Eſprit ne pourra comprendre comment le Bled germe dans la Terre, je ſerai en Droit de dire qu’il ne germe pas ? En vérité,

Homere quelquefois radotoit bonnement.[2]

  1. Mallebranche, Recherche de la Vérité, Livr. IV, Chap. VII, pag. 432.
  2. Aliquando bonus dormitat Homerus.