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cordée, il leur eſt aiſé d’en tirer des Preuves très fortes pour ſon Immortalité. La Deſtruction d’une Subſtance, diſent-ils, n’emporte point la Deſtruction de l’autre. Ainſi, la Subſtance étendue étant diſtincte de la ſpitituelle elles ne ſont point détruites enſemble. D’ailleurs, la Subſtance étendue ne périt point entiérement : il n’arrive qu’un Changement, ou une Diſſolution, dans quelques Parties de la Matiere, qui demeure toujours dans la Nature ; comme, l’orſqu’on briſe une Horloge, il n’y a point de Subſtance détruite, quoiqu’on diſe que l’Horloge eſt détruite. Ainſi, une Subſtance n’étant appellée détruite, que par la Diſſolution de ſes Parties, l’Ame ou la Subſtance ſpirituelle ne peut être jamais détruite, puiſqu’elle n’eſt point diviſible, ni compoſée d’aucune Partie, & doit, par conſéquent être immortelle.

Quelque fortes que paroiſſent ces Raiſons, prenez garde, Madame, qu’en accordant aux Cartéſiens la Spiritualité de l’Ame, ils ne ſont pas même en Droit de conclurre, qu’elle doive être abſolument immortelle : car, lorſqu’ils diſent que l’Ame, n’étant point compoſée de Parties, & ne pouvant être diviſée, ne peut périr ; il ne réſolvent point la Diffi-