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Car, ſans parler de tous les Philoſophes anciens, & en ſe réduiſant aux ſeuls modernes, un Averoès, un Calderin, un Politien, un Pomponace, un Bembe, un Cardan, un Ceſalpin, un Taurell, un Cremonin, un Berigard, un Viviani, un Hobbs, &c., ne ſont point des Savans pour leſquels on doive affecter un auſſi grand Mépris[1].

Si la Vérité d’une Opinion dépendoit de l’Etendue du Génie de ceux qui l’ont défendue, il ſeroit aiſé de prouver l’Incertitude de la Matérialité ou de l’Immatérialité de l’Ame par l’Autorité de l’illuſtre Locke, que je crois à coup ſûr pouvoir mettre en Parallele avec Des-Cartes & Mallebranche, ſans que les plus zélez de leurs Diſciples trouvent, à ce que je crois, cette Comparaiſon diſproportionnée. Mais, depuis long-tems, j’ai dit que les Ouvrages des Savans devoient ſervir à chercher la Vérité, & non point à cacher l’Incertitude ſous le Voile de l’Autorité. Quoiqu’il en ſoit,

  1. Je ne cite point parmi ces Savant, ni ſpinoſa, ni vanini, parce qu’ils étoient Athées de Profeſſion : & quoique, parmi ceux que j’ai nommez, il y en ait quelques uns ſoupçonner d’Athéïſme, ils ne l’ont jamais néanmoins ouvertement ſoutenu.