dignes des Scolaſtiques, qu’ils devroient n’avoir point imité ; eux, qui les ont condamnez ſi ſévérement, pour avoir voulu expliquer des Miſteres & des Secrets qu’ils n’entendoient pas[1]. Ce n’eſt pas que je les blâme d’avoir dit, comme tous les autres Philoſophes, leur Sentiment ſur des Choſes incertaines. Mais, j’aurois voulu, qu’ils euſſent moins témoigné d’être perſuadé de la Vérité de ce qu’ils penſoient ; & qu’ils euſſent donné leurs Opinions comme des Conjectures vrai-ſemblables, & non pas comme des Démonſtrations[2]. C’eſt en vain, qu’ils ſe récrient, qu’on ne ſauroit concevoir que la Matiere puiſſe être capable de la Penſée. Ils verront, pour peu qu’ils veuillent réfléchir ſans Paſſion, qu’il ne nous eſt pas plus difficile, par rapport à nos Notions, de concevoir que Dieu eſt le Maitre d’ajouter à l’Idée que nous avons de la Matiere la Faculté de penſer, que de connoître & de comprendre qu’il uniſſe à cette Faculté de penſer une autre Subſtance.
Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/388
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.