Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/387

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chés les Philoſophes Chrétiens, c’eſt Dieu, qui, par ſa Puiſſance, la conduit à la Perfection ; mais, la Matérialité de l’Ame eſt toujours néceſſaire dans les deux Opinions.

Quelques Philoſophes, enfin, font l’Ame une Subſtance abſolument ſimple & incorporelle. Ils évitent, à la vérité, certaines Difficultez où tombent les autres ; mais, ils en rencontrent pluſieurs nouvelles : car, ils ne ſauroient expliquer comment l’Ame, qui eſt un ſujet incorporel, peut recevoir des Facultés corporelles telles que ſont les organiques ; comment enfin la Matière peut agir ſur l’Eſprit, & l’Eſprit à ſon tour ſur la Matiere[1]. Tout ce qu’ils répondent à ces Queſtions ne ſont que de frêles Raiſonnemens, & de Subtilitez

  1. « Comment l’Ame peut-elle recevoir des Actions vitales, qui font auſſi corporelles : vû, qu’ètant immanentes, elles doivent être reçues dans le même Principe qui les produit ; & qu’ainſi, il ne ſert rien de dire, que les corporelles font reçues dans les Corps, puiſque l’Ame eſt le Principe qui les produit ; ou dans les Facultez mêmes, puiſque les Facultez ſont réellement & effectivement une même Choſe avec l’Ame, & qu’elles ſont par conſéquent diſtinctes du Corps. » Bernier, Abrégé de la Philoſophie de Gaſſendi, Tom. V, Pag. 482.