Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/386

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tenu par pluſieurs Philoſophes. Ils prétendent, que notre Ame tire ſon Origine des Peres & des Meres, par la Vertu ſéminales que d’abord elle n’eſt qu’Ame végétative, & ſemblable à celle d’une Plante ; qu’enſuite elle devient ſenſitive, en ſe perfectionnant ; & qu’enfin elle eſt rendue raiſonnable par la Coopération de Dieu. Mais, cette Opinion entraine après ſoi toutes les Difficultez des autres dont je viens de parler, ou bien ſuppoſe la Matérialité de l’Ame. Sans cette Suppoſition, il faut d’abord défendre la Succeſſion de ces trois Ames, contraire aux Voies ſimples par leſquels Dieu agit toujours, & qui dès le commencement eut pû inférer l’Ame raiſonnable. Il faut enfin prouver comment une Choſe corporelle peut devenir incorporelle, l’Ame raiſonnable ne pouvant avoir la même Eſſence que la ſenſitive. S’il eſt vrai, que la Matiere ſoit incapable de raiſonner, & ſi l’Ame raiſonnable eſt la même Ame que la ſenſitive, mais plus épurée, elle eſt alors matérielle néceſſairement. C’eſt-là le Siſtême des Epicuriens, à cela près que l’Ame, chés les Philoſophes Païens, avoit en elle la Faculté de ſe perfectionner ; au lieu que