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Quelques autres Philoſophes diſoient, qu’elle étoit un Feu Céleſte[1] : d’autres, une Harmonie.

Aristote, toujours déciſiſ, même dans les Choſes qu’il n’entendoit pas, définit l’Ame, une Action qui fait mouvoir le Corps, qu’il appelle Entelechios ; Suis-je plus ſavant ſur la Nature de l’Ame, lorſqu’on m’en a donné cette Définition, qu’avant que de l’avoir appriſe ? Le Pere Mallebranche n’a-t-il pas eu Raiſon de dire : Certainement, il faut avoir bien de la Foi, pour croire ainſi Ariſtote, lorſquil ne nous donne que des Raiſons de Logique, & qu’il n’explique les Effets de la Nature, que par les Notions confuſes des Sens ; principalement, lorſqu’il décide hardiment ſur des Queſtions qu’on ne voit pas qu’il ſoit jamais poſſîble aux Hommes de pouvoir réſoudre. Auſſi Ariſtote prend-il un ſoin particulier d’avertir, qu’il faut le croire ſur ſa Parole : car, c’eſt un Axiome inconteſtable à cet Auteur, qu’il faut que le Diſciple croïe ; δεῖ πιϛέυειν τὸν μανθαίοντα[2].

  1. Igneus eſt ollis Vigor, & cæleſtis Origo.
    Virgil. Æneïd. Libr VI
  2. Mallebranche, Recherche de la Verité, Livr. III, pag. 180.