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le de l’Ame du Monde. Mais, je ſuis certain, que, ſi l’on éxaminoit avec attention tous les différentes Siſtêmes des Philoſophes anciens, on trouveroit, en le réduiſant à un certain Point, qu’il n’en eſt pteſque point qu’on ne pût y amener ; & en démontrer la Confortmité.

Thales ſoutenoit que l’Ame etoit une Nature ſans Repos. Cette Définition prouve évidemment ce que je viens de dire ſur, la Diſtinction de l’Ame & de l’Eſprit ; car, qu’eſt une Nature ſans Repos, qu’une Choſe dans un Mouvement perpétuel ?

Anaximandre diroit, que l’Ame, étoit une Çhoſe compoſée de Terre & d’Eau. Ce n’était, pas en vérité la peine de réver beaucoup, pour dire qu’une Choſe, qu’on croïoit matérielle étoit compoſée de Matiere.

Empédocle la faiſoit conſiſter dans le Sang[1]. Son Opinion avoit quelque Apparence de Probabilité : car, l’Expérience nous apprend, que tout Animal ceſſe de vivre, dès le moment qu’il ne reſte aucune Goute de Sang.

  1. Sanguineam vornis ille Animan.
    Virgil Æneïd. Libr. IX.