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les il peut tomber. Il avoue lui-même, qu’il cherche la Vérité, & qu’il peut faillir ſans ceſſe. Il ne donne la plûpart de ſes Opinions, que comme des Sentimens vraiſemblables. Je ne décide point entre le Mérite de Des-Cartes & de Gaſſendi. Mais, je puis aſſurer hardiment, que la Poſtérité les regardera tous les deux comme des Génies ſurprenans. Leurs Talens ont été différens. Des-Cartes ne dût preſque rien qu’à lui-même. Il mépriſa si fort la Philoſophie Péripatécienne, qu’elle lui inſpira de la Haine pour celle de tous les Philoſophes anciens. Gaſſendi donna les prémiers Coups à la Philoſophie d’Ariſtote : il remit dans tout ſon Jour un Siſtême abandonné pendant pluſieurs Siècles, & lui donna plus de Force & plus de Vraiſemblance, qu’il n’avoit. Le Tems décidera de la Vogue des différentes Opinions de ces deux Philoſophes. Mais, je ſuis bien aſſûré, qu’ils trouveront des Partiſans & des Diſciples dans la Poſtérité la plus reculée, & qu’on diſputera encor dans dix mille Ans de bien des Queſtions, qu’ils n’ont pu éclaircir.

J’ai ſouvent cité, dans mes Réfléxions, Locke, Philoſophe Anglois, vrai