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lebranche, ne ſe ſcandaliſeront pas des Critiques, qu’ils trouveront dans mon Ouvrage, de quelques Opinions de leur Maître.

Je prie aussi les Cartéſiens de vouloir ne point me ſavoir mauvais Gré, si quelquesfois je les ai taxés d’être un peu prévenus pour leurs Sentimens, & de les ſoutenir avec trop de Hauteur. Je me flatte de les en faire convenir avant la fin de cette Diſſertation. Au reſte, j’ai pour Des-Cartes un Reſpect auſſi ſincere qu’eux-mêmes. Je le regarde comme le Reſtaurateur de la bonne Philoſophie ; mais, enfin, il étoit Homme, &, comme tel, ſujet à l’Humanité. Un de ſes plus zélez Diſciples convient, qu’il n’eſt aucun de ſes Ouvrages, ſans même en excepter ſa Géométrie, où il n’y ait quelque Marque de la Foibleſſe de l’Eſprit Humain.[1] Voilà, je crois, qui doit ſervir de Juſtification à quiconque, après avoir rendu Juſtice au Mérite de Des-Cartes, ne déïfie pas ſes Erreurs, à l’éxemple des Cartéſiens outrez.

J’aurai moins d’Excuses à faire aux Gaſſendiſtes : car, la Bonne-Foi & la Sincérité de Gaſſendi empêche qu’on ne ſe récrie ſur les Erreurs dans leſquel-

  1. Là-même, Livr. III, Chas. IV. pag. 136.