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les, & indéterminées, qui ne repréſentent rien de particulier à l’eſprit. Car, les Termes ordinaires de ce Philoſophe ne peuvent servir qu’à exprimer confuſément aux Sens & à l’Imagination les Sentimens confus que l’on a des Choſes ſenſibles ; ou à faire parler d’une Maniere ſi vague, & ſi indeterminée, que l’on n’exprime rien de diſtinct. Preſque tous ſes Ouvrages, mais principalement ſes huit Livres de Phyſique, dont il y a autant de Commentateurs différens, qu’il y a de Régens de Philoſophie, ne ſont qu’une pure Logique : il y parle beaucoup, & il n’y dit rien. Ce n’eſt pas, qu’il ſoit diffus ; mais c’eſt, qu’il a le Secret d’être concis, & de ne dire que des Paroles. Dans ſes autres Ouvrages, il ne fait pas un ſi fréquent Uſage de ces Termes vagues & généraux ; mais ceux, dont il ſe ſert, ne réveillent que les Idées confuſes des Sens. C’eſt par ces Idées, qu’il prétend, dans ſes Problêmes & ailleurs, résoudre en deux Mots une Infinité de Queſtions dont on peut donner Démonſtration, qu’elles ne ſe peuvent réfoudre[1].

J’eſpere, que les Diſciples d’Ariſtote, après avoir lû ce Passage de Mal-

  1. Mallebranche, de la Recherche de la Vérité, Livr. V) Chap.II, page 388.