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leurs Sens, & de laquelle ils n’avaient juſtement aucune Connoiſſance. Et qu’on ne diſe pas, que les plus grands Philoſophes ſe réüniſſoient entre eux ſur, les Sentimens de la Divinité. C’étaient, au contraire, les plus grands Génies, & les plus grands Eſprits, ſi nous en devons croire Cicéron, qui diſputoient ſur la Nature des Dieux[1].

Mais, enfin, quand on accorderoit à ceux qui ſoutiennent les Idées innées, que, parmi certaines Nations, quelques Sages ont eu quelque Connoiſſance de la Divinité plus diſtincte que les autres, il s’enſuivroit toujours, que cette Univerſalité de Conſentement, qui, ſelon eux, eſt la Preuve des Notions innées, ne ſe rencontreroit jamais ; puiſque, pour un Sage, ou un Philoſophe, qui auroit eu quelque Idée un peu plus approchante de celle qu’on doit avoir de la Divinité,

  1. Cum multæ Res in Philoſophiâ nequaquam ſatis adhuc explicatæ, ſunt, tum perdiſicilis, Brute, (quod tu minime ignoras) & perobſcura Quæſtio eſt Natura Deorum : quæ & Agnitionum Animi pulcherrima eſt, & ad moderandam Religionem neceſſaria : de quâ tam varæ ſunt Doctiſſimorum Hominum, tamque diſcrepantes Sententiæ, ut mggno Argumento eſſe debeat Cauſam, id eſt Principium, Philoſophiæ, eſſe Scientiam. Cicero de Natur. Deor. initio.