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guroient qu’ils n’admettoient d’autre Divinité que le Ciel & les Nuées : Nihil præter Nubes & Cæli Lumen adorant[1]. Ils les conſidéroient comme des Ennemis des Dieux ; parce qu’ils ne reconnoîſſoient point pour tels Jupiter, Junon, Mercure, Mars, Venus, &c[2].

Est-il poſſible de croire, que des Gens, qui regardoient, comme des Impies & des Fous, les ſeules Perſonnes qui avoient une véritable Idée de la Divinité, euſſent eux-mêmes une Notion innée de cette même Divinité, dont ils ne s’appercevoient point, dont ils ne faiſoient-aucun Uſage, & qui ne pouvoit les garantir des Egaremens dans leſquels ils ſe plongeoient ? Car, bien loin que les Philoſophes euſſent des Idées plus conformes aux véritables Attributs de Dieu que les autres Païens, ils donnoient les premiers dans les Erreurs les plus groſſieres. Auſſi leur a-t-on ſouvent reproché leurs Diviſions, & qu’ils ne ſavoient à quel Sentiment s’arrêter, les uns affirmant qu’il y avoit des Dieux, mais

  1. Juvenal. Satir. XIV, Verſ. 97.
  2. Judea, Gens Contumeliâ Numinum inſignis. Plinius, Hiſtoriæ Naturalis Libr. XIII, Cap, IV, pag. 69.