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§. VI.

Que les Philosophes an-
ciens, n’ont eu aucune
véritable Idée
de Dieu


Je vous ai fait obſerver, Madame, dans la Réfléxion précédente[1], que tous les Philosophes avoient eu une Idée de Dieu contraire aux véritables Attributs de la Divinité. Ils lui donnoient un Corps, & le faiſoient matériel. Vous avez vû que Cicéron, en éxaminant les différens Siſtêmes des Philoſophes ſur l’Exiſtence de Dieu, rejette celui de Platon comme inintelligible, parce qu’il fait ſpirituel le ſouverain Etre. Quod Plato ſine Corpore Deum eſſe cenſet, id quale eſſe poſſit intelligi non poteſt[2].

La Spiritualité de Dieu paroiſſoit aux Philoſophes anciens ſi contraire à la Raiſon, que plûtôt que de croire que les Juifs adoroient un Etre ſouverainement bon, puiſſants, &c immatériel, ils ſe fi-

  1. Sur les Principes généraux de la Phyſique.
  2. Voïez, ci-deſſus pag. 209.