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ou les mauvaiſes Actions, n’y ſervent de rien. Tout dépend, de la Maniere dont on ſort de ce Monde. Si on a le Malheur de mourir d’une Mort violente, on a l’Enſer pour Partage… Si l’on meurt, au contraire, d’une Mort naturelle on a le Plaiſir d’aller en Paradis, & d’y jouir des Arbres & des Fruits qui ſont en abondance[1].

Je vous demande, Madame ; ſi vous croïez que les Peuples : des Iles Marianes euſſent une Notion innée de Dieu ? Eſt-il poſſible, qu’une Nation entiere, que tant de millions d’Hommes, pendant des milliers de Siècles, aïent ſucceſſivement dans leur Eſprit une Idée, dont ; ils ne s’apperçoivent jamais, & dont ils ne font aucun Uſage ? Eſt-il croïable, que Dieu, leur donnant cette Idée pour la Baſe de leurs Connoiſſances elle ne leur ſerve pourtant de rien ; au lieu qu’ils profitent beaucoup plus de celles qu’ils acquiérent par les Objets extérieurs ?

  1. Le Gosien, Hiſtoire des Iles Marianes, pag.64, 65, 66, 68.