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chant avec ſa Fille, il fait une bonne & pieuſe Action ; qu’un Italien, qui baiſe la Mule du Pape ; qu’un Eſpagnol, qui ſe fouëtte dévotement le Vendredi Saint ſous les Fenêtres de ſa Maitreſſes ; qu’un Janſéniſte, qui déchire impitoïablement la Réputation d’un Moliniſte ; & qu’un Moliniſte, qui le lui rend au double. On ne ſauroit douter, qu’il n’y ait, dans toutes les Religions, des Gens qui les croïent, & qui les ont crû dès leur Enſance, de Bonne-Foi, & avec une entiere Soumiſſion. Que deviennent donc les Idées innées ? A quoi ſont-elles bonnes ? Je ne vois pas qu’elles ſoient de plus grande Utilité, que l’Acceptation forcée de la Bulle Unigenitus, par quantité de pauvres Religieuſes, étoit néceſſaire au Bien de l’Etat.

§. IV.

que nous navons point d’I-
dée innée de Dieu.


SI Dieu avoit dû graver dans notre Ame quelque Notion qui fût innée avec elle, ſans doute il y eut tracé en Caractere évident & diſtinct l’Idée de la