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trouvera, que les Termes, dont j’ai uſé quelquesfois, en dépeignant l’Inutilité de certains Ouvrages d’Ariſtote, de Scot, & de quelques Scolaſtiques, ſont des Blaſphêmes impardonnables. Mais, je prie ceux, qui me condamneront ſi hautement, de croire, qu’en blamant certains Défauts dans ces Auteurs, je n’ai pas voulu leur ôter la Gloire qu’ils avoient mérité par bien d’autres Endroits. Ainſi, en disant qu’Ariſtote n’étoit pas un grand Phyſicien, eu égard à Des-Cartes & à Newton, je n’ai pas prétendu dire, qu’il ne fût pas un très grand Homme, rempli d’Eſprit, & dont les Ouvrages sur la Poétique ſont auſſi bons, que ceux dans leſquels il traitte de la Philoſophie ſont peu utiles. Je mettrai ici le Portrait, que le P. Mallebranche fait d’Ariſtote ; & les Péripatéticiens verront ſi je ſuis retenu, eu égard à la Hardieſſe du Métaphyſicien François.

Aristote, qui mérite avec Juſtice la Qualité de Prince de ces Philoſophes, dont je parle, parcequ’il eſt le Pere de cette Philoſophie qu’ils cultivent avec tant de Soin, ne raiſonne preſque jamais que sur les Idées confuſes, que l’on reçoit par les Sens ; & que ſur d’autres Idées vagues, généra-