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acquiſes par l’Art, & que ces beaux Caracteres, que Dieu a gravez dans leur Ame, doivent être dans un Ordre parfait[1].

§. III.

Qu’il n’est aucune Regle de
Morale qui soit innée.


Il s’en faut bien, que les Principes de Morale ſoient reçus d’un Conſentement auſſi univerſel que les Maximes ſpéculatives. Ainſi, ce Conſentement étant néceſſaire pour conſtater la Vérité des Idées innées, même au Jugement de ceux qui les ſoutiennent ; dès qu’on peut prouver qu’il n’éxiſte point, toutes ces prétendues Notions gravées par la Divinité même croullent, & n’ont plus aucun Soutien.

  1. « Que s’il y a des Gens, qui ôſent aſſûrer, que les Enfans ont des Idées de ces Maximes générales & abſtraites, dans le tems qu’ils commencent à connoître leurs Jouëts & leurs Poupées, on pourroit peut-être dire d’eux, ſans leur faire grand Tort, qu’à la vérité ils ſont fort zélez pour leurs Sentimens, mais qu’ils ne les défendent pas avec cette aimable Sincérité qu’on découvre dans les Enfans. » Locke, Eſſai Philoſophique ſur l’Entendement Humain, Livr. I, Chap. I, pag. 33.