Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tant d’Héréſies, & qui encore aujourd’hui fourniſſent des Armes à l’Athéïſme, qu’on doit regarder comme le Comble de l’Aveuglement.

Je vous avoue, Madame, que je trouve ridicule qu’on mette en Doute tous les jours dans les Ecoles l’Exiſtence de Dieu. Il eſt ridicule d’agiter une Queſtion, que tout Homme, qui n’eſt pas privé de la Raiſon, & qui veut faire uſage de la Lumiere Naturelle, reconnoît évidente. Il arrive ſouvent, que, dans ces Diſputes, on apporte, pour prouver l’Exiftence de Dieu, les Raiſons les plus foibles ; & que les Débauchés & les Libertins, s’ils n’éteignent pas entiérement leur Lumiere Naturelle, la laiſſent obſcurcir par mille Doutes dangereux.

Je crois donc, que, lorſqu’on veut prouver la Néceſſité de l’Exiſtence de Dieu, il faut préciſement n’apporter que des Raiſons déciſives, certaines, & qui ſont connues de tous les Hommes, pour peu qu’ils veuillent réfléchir. Je penſe, qu’il faut rejetter toutes les Prevues douteuſes, ou qu’on peut mettre en Controverſe, telles que ſont celles qu’on veut tirer de l’Idée innée de Dieu, du Conſentement univerſel, &c ; leſquelles étant