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part des Effets cachés de la Nature. Voïez quelle doit être l’Incertitude de leurs Raiſonnemens : car, quelle Conſéquence évidente pourroient-ils tirer de Principes auſſi peu évidens ? Auſſi crois-je, Madame, que la véritable Phyſique n’eſt autre Choſe qu’une Science expérimentale, qui nous découvre bien des Secrets, dont il nous eſt cependant impoſſible de connoître les prémieres Opérations ; n’aïant, comme j’ai déjà eu l’Honneur de vous le dire au commencement, aucune Idée de la Façon dont agiſſent les Parties actives de la Matiere, ou ſes prémiers Ouvriers : enſorte que Des-Cartes explique un Expérience, par le Moïen de la Matiere ſubtile ; Gaſſendi, par celui des Atomes & du Vuide ; Newton, par celui de l’Attraction, &c. Mais, qu’importe de ſavoir préciſement comment les prémiers Principes agiſſent, dès qu’on ſçait le Moïen de leur faire produire d’une maniere ſûre les Effets que l’on cherche, & d’en retirer tout le Profit dont nous avons beſoin. Dieu, en nous cachant les prémieres Opérations de la Nature, qui ſont des Secrets connus à lui ſeul, nous a donné le Pouvoir de les occaſionner par des Moïens dont