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il y eut du Vuide, pour faciliter ce Tournoiement : &, ſi la Matiere étoit infinie, & que tout fût plein, rien ne pouvoit tourner. On ne ſauroit dire, que les Corps cédoient les uns aux autres, puifqu’il n’y en avoit aucun de fluide & de mol, & qu’ils étoient tous de la même Qualité. Les Juifs, qui n’avoient point aſſez de Juſteſſe d’Eſprit pour mériter le Nom de Cartéſiens, auroient d’abord conclu, que les Quarrez n’avoient point tourné, ou qu’il y avoit un Eſpace incorporel pour leur procurer le Mouvement. Si, par hazard, il ſe fût trouvé quelqu’un parmi eux, qui eut un peu réfléchi, il n’auroit pas manqué de dire, qu’il etoit impoſſble de concevoir que ces Quarrez, en ſe frottant les uns les autres, euſſent pu ſe brifer, & ſe réduire en Poudre ; parce que tous les Corps étant également ſolides, d’égale Groſſeur, & agitez d’un égal Mouvement, les Coins de ces Quarrez, qui ne recevoient pas plus d’Impreſſion d’un Côté que de l’autre, étoient également ſoutenus de tous Cotez, & par conſéquent ne pouvoient s’écorner ni ſe réduire en Poudre. Quoiqu’il en ſoit, la Matière ſubtile de Des-Cartes