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ſur leur Centre, qu’en ſe heurtant & ſe frottant les uns contre les autres, ils ſe réduiſirent en Pouſſiere, & formerent pluſieurs Grains ronds & cannellez, & pluſieurs autres, qui devinrent ſi petits & ſi ſubtils, que n’aïant aucune Figure déterminée, & étant très ſubtils, ils remplirent tous les Vuides des Parties les plus groſſieres. C’eſt-là ce que l’on appelle la Matiere ſubtile.

Il eut été à ſouhaiter, que ce Philoſophe eut vécu du Tems de Moïſe : il lui eut donné d’excellens Conſeils ; car, ce Prophete Juif ne ſavoit rien de ce Tournoiement de Quarrez, ou du moins il n’en dit pas un Mot dans la Geneſe. Peut-être ne jugea-t-il pas à propos d’expoſer un Siſtême auſſi Philoſophique aux Juifs, dont l’Eſprit étoit encore appéſanti & accablé par leur Servitude d’Egypte. Comment leur eut-il fait comprendre, que tous ces Quarrez avoient pû tourner ſur leur Centre, tout étant plein, & la Matiere & l’Etendue étant infinies ? Car, ces Quarrez, en tournant ſur leur Centre, occupérent plus de Place, que lorſqu’ils étoient en Repos. Il falloit donc, qu’au-de-là de la Matiere ou de l’Extenſion corporelle,