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y avoir des Atomes, ou des Parties des Corps indiviſibles ; car, quelque petits que ſoient ces Corpufcules, dès quils ſont étendus, on conçoit clairement, que le Côté, qui regarde l’Orient, n’eſt pas le même que celui qui regarde l’Occident : ainſi, on peut le diviſer. Et, lorſque cette prémiere Diviſion ſera faite, les Cotez reſtans dans les Parties diviſées, qui ſeront vers l’Orient, ne ſeront pas les mêmes que ceux qui ſeront vers l’Occident : ainſi on pourra faire une nouvelle Diviſion. Et dès qu’on conçoit clairement & diſtinctement, qu’une Choſe peut être diviſée, on doit juger qu’elle eſt diviſible : ou, ſans cela, on fait un Jugement faux, & contraire à la Raiſon & à la Lumiere Naturelle. On doit donc aſſûrer, que la plus petite Partie, dès qu’elle a de l’Etendue, peut être diviſée, parceque telle eſt ſa Nature.

Avant de vous apprendre ce que je penſe ſur ces différentes Opinions, ſouffrez, Madame, que je vous diſe un Mot de la Matiere ſubtile de Des-Cartes, qui, dans ſon Siſtême, tient la Place des Atomes. Ce Philoſophe dit, que, dans le Commencement, Dieu diviſa l’indéfinie Maſſe de l’Univers en Quarrez ; qu’il fit tourner tous ces Quarrez