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Figures différentes eſt innombrable ; mais, il n’eſt pas néanmoins infini. Car, les Gaſſendiſtes n’admettent rien d’infini, que l’Etre ſpirituel ſouverainement parfait[1]. On peut donc concevoir des Atomes de Figure platte, ſphérique, angulaire, reguliere, irréguliere, &c : & qu’ils ſoient extrêmement petits, rien n’empêche qu’ils ne puiſſent être figurez, puiſqu’ils retiennent une Grandeur, & une Etendue.

Quelque déliées que ſoient les Parties qui déterminent la Figure des Atomes, elles ne peuvent être rompues, mê-

  1. « La ſeconde Choſe, qu’avance Lucrece, eſt que les Atomes ſous chaque Figure ſont ſimplement infinis en Nombre ; c’eſt-à-dire, qu’il y en a une Infinité de ronds, une Infinité de figure ovale, &c… Mais, comme il n’apporte aucune Preuve convaincante de cette Infinité, & qu’il eſt certain d’ailleurs, que la Maſſe de ce Monde, qui comprend tous ces Atomes, eſt finie, il ſuffit à un Phyſicien, qui veut défendre les Atomes, d’admettre qu’ils ſont figurez, & que non-ſeulement le Nombre des Figures, mais même le Nombre des Atomes ſous chaque Figure, eſt incompréhenſible. » Bernier, Abrégé de la Philoſophie de Gaſſendi, Tom. I, pag. 175. On peut voir, par ce Paſſage, avec quelle Sageſſe Gaſſendi a épuré la Philoſophie d’Epicure, & la réduite & ſoumimiſe à l’Examen le plus ſévére.