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la Place d’un autre, qu’il en chaſſe en le heurtant. Mais, diſent les Cartéſiens, le prémier Corps, qui ſe met en Mouvement, déplace le ſecond, & le ſecond le troiſieme : ainſi, ſucceſſivement ils ſe cédent les uns aux autres. Je penſe, cependant, que, malgré toutes ces Pulſations prétendues, le prémier Corps ne pourra bouger, parcequ’il trouvera de la Réſiſtance dans le ſecond, qui en rencontrera dans le troiſieme, & ainſi ſucceſſivement juſqu’à l’infini. Il paroît donc clair & probable, que, ſans les petits Vuides, qui ſont répandus dans l’Univers, & qui reçoivent dans leurs Eſpaces étroits les Parties les plus ſubtiles de la Matiere qu’on appelle Atomes, le Mouvement eſt impoſſible.

L’astronomie nous démontre, qu’il eſt des Etoiles ſi éloignées de la Terre, qu’il faudroit, pour parcourir cette Diſtance, autant de Coups de Canon qu’on en pourroit tirer pendant le Nombre prodigieux d’Années, exprimé par ces douze Chifres 104166666636. S’il eſt vrai que l’Univers ſoit une vaſte Maſſe ſerrée & remplie de Corps, on ne pourra faire le moindre Mouvement ſans que tous ſes Corps s’en reſſentent. Mais, je