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voir de faire ceſſer le Mouvement, & d’annihiler la Matiere ; auquel Cas, la Matiere eſt coëternelle avec lui. Et puifqu’il n’a pas le Pouvoir de l’annéantir & de la réduire à Rien, il n’a pas eu celui de la tirer du Néant.

Voïons, ſi l’on peut apporter des Raiſons auſſi fortes pour la Neceſſité du Vuide, que pour ſa Poſſibilité.


§. XV.

de la Nécessité du Vuide.


Ee Vuide ſemble être une Suite du Mouvement, & il eſt bien difficile de concevoir que dans le Plein aucune Choſe puiſſe ſe mouvoir. Les premiers Philoſophes, qui ont ſoutenu l’Exiſtence du Vuide, propoſoient leur Opinion dans ces Termes généraux. S’il y a du Mouvement, il a du Vuide. Or, il y a du Mouvement. Donc, il y a du Vuide. En effet, ſi, dans tout l’Univers, il n’eſt aucune de ſes Parties qui ſoit dénüée de Corps, il eſt donc comme une grande & vaſte Maſſe très ſerrée, dans laquelle rien ne peut agir, ni remuer. Car, un Corps ne peut ſe mouvoir qu’en prenant