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ce à Dieu, l’Etre infini, l’Etre ſouverainement ſpirituel, & ils le prennent dans le même Sens, & en ont la même Idée, que lorſqu’ils l’appliquent aux Eſprits finis, & au Corps. S’ils me diſoient que ouï, je les prierois de conſidérer, qu’il faut donc que ces trois Etres, Dieu, les Eſprits finis, & le Corps, participant de la même Subſtance, ne ſoient que des Modifications différentes de cette même Subſtance, dont ils ſont tous compoſez. C’eſt-là le Siſtême de Spinoſa dans tout ſon Jour ; & je crois qu’il eſt peu de Gens éclairez, qui ſe ſentent portez à l’admettre. Si, au contraire, ils me répondoient, qu’ils ont du Mot de Subſtance trois Idées différentes ; & que celle, qui regarde Dieu, ne convient point aux Eſprits finis, ni celle des Eſprits finis au Corps ; Définiſſez donc, leur dirois-je alors, ces trois Idées par trois Mots différens & diſtincts : faites-moi comprendre ainſi clairement ce que vous ne me dites qu’obſcurement, par un ſeul, qui a à peine une unique Signification claire & déterminée ; &, dès le moment que vous m’aurez montré, que vous avez trois Idées claires & diſtinctes de la Subſtance, je vous prouverai facilement, que je puis