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qu’une certaine Capacité propre à recevoir les Corps, eſt l’Eſpace. De même, lorſqu’on en eſt venu au Point, ſur la Nature de l’Homme, de dire qu’il eſt un Animal raiſonnable, ſi l’on en éxige d’avantage, on ne peut dire autre Choſe ſi ce n’eſt qu’un Animal raiſonnable, eſt un Animal qui raiſonne, ou qui eſt raiſonnable[1].

Les Auteurs, qui preſſent ſi fort, qu’on leur explique clairement ce que c’eſt que l’Eſpace pur, & qu’on leur en développe les Qualitez, ſeroient eux-mêmes bien embarraſſés, ſi l’on éxigeoit d’eux, qu’ils explicaſſent ce que c’eſt que la Subſtance qu’ils nomment à toute heure, & qu’ils citent à chaque inſtant. Ils me feroient plaiſir de m’inſtruire, ſi, lorſqu’ils appliquent ce Mot de Subſtan-

  1. « Les Idées ſimples ſont telles préciſement que l’Experience nous les fait connoître. Mais ſi, non contens de cela, nous voulons nous en former dés Idées plus nettes dans l’Eſprit, nous n’avancerons pas davantage, que ſi nous entreprennions de diſſiper par de ſimples Paroles les Tenebres dont l’Ame d’un Aveugle eſt environnée, & d’y produire par le Diſcours des Idées de la, Lumiere & des Couleurs. J’en donnerai la Raiſon dans un autre Endroit. » Locke, Eſſai Philoſophique ſur l’Entendement Humain, Livr. II, Chap. IV, pag. 124.