Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Accident, qui méritent le Nom d’Etre. L’Eſpace n’eſt, ni Subſtance, ni Accident. Il n’eſt donc point un Etre ; &, par conſéquent, n’éxiſte point. Je répons à cela, qu’il eſt vrai que l’Eſpace pur n’eſt, ni Subſtance, ni Accident ; mais, qu’il eſt le Lieu des Subſtances & des Accidens, & un Etre à ſa maniere, étant inconcevable qu’une Subſtance éxiſte, & qu’elle n’éxiſte point en aucun Lieu. Ainſi, l’Eſpace ne peut être, ni Subſtance, ni Accident, de même que la Subſtance, ou l’Accident, ne peuvent être l’Eſpace : & ſi l’on en demande une Explication plus claire, & qu’on perſiſte à nier qu’il ſoit un Etre, on eſt en Droit de répondre, qu’après avoir dit, que l’Eſpace eſt une certaine Etendue, qui fait que deux Choſes ſont éloignées l’une de l’autre, & que c’eſt une certaine Capacité propre à recevoir les Corps ; on eſt en Droit, dis-je, de répondre, qu’il eſt des Choſes dont on ne peut éxiger que certaine Définition, parce que, dès qu’on en eſt venu à ce qu’il y a de plus connu, & aux Principes clairs & évidens, on ne peut faire autre choſe qu’un Cercle, & dire que l’Eſpace eſt une certaine Capacité propre à recevoir les Corps, &