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ſa Solidité, comme le dit Gaſſendi, ou dans l’Etendue déterminée, ſolide, & impénétrable, comme prétendent quelques-uns de ſes Eleves, le Vuide eſt non-ſeulement poſſible, mais il eſt même néceſſaire pour réaliſer l’Eſſence des Corps mous, & qui cédent ſans Réſiſtance par ſon Secours, comme nous venons de le voir.

Les Philoſophes, qui mettent l’Eſpace incorporel, prétendent, que s’il n’y avoit point de Vuide dans le Monde, il ne pourroit y avoir de Mouvement, & qu’aucun Corps ne pourroit paſſer d’un Lieu à un autre. Tout étant occupé, où ſe logeroit-il ? Il ne peut ſe placer avec un autre Corps. Ce ſeroit introduire une Pénétration de Dimenſion, contraire à l’Ordre de la Nature. Il faut donc qu’il y ait quelque Eſpace vuide, pour recevoir les Corps. Si tout étoit rempli, il ſeroit impoſſible à ces mêmes Corps qu’aucun d’eux pût croître & augmenter. Les Alimens, ou, ſi l’on veut, les Parties par le Moïen desquelles ſe fait leur Accroiſſement, ne pourroient ſe répandre & s’écouler par l’Empêchement qu’elles rencontreroient en d’autres Parties qui occupoient déjà la Place.