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doit plutôt faire conſiſter l’Eſſence de la Matiere dans la Solidité qui eſt prémiere, que dans l’Etendue, ou, ſi l’on veut, que dans l’Impénétrabilité, qui ſont des Suites néceſſaires de la Solidité. C’eſt en vain, continue-t-il, qu’on voudroit objecter qu’il eſt des Corps, qui, n’aïant aucune Solidité comme l’Air, l’Eau, le Feu, & bien d’autres Choſes Matérielles, ceſſeroient d’être Çorps, ſi la Solidité faiſoit leur Eſſence, puiſque n’étant point ſolides, n’aïant aucune Dureté ni Réſiſtance, ils n’auroient plus cette Nature ou cette Eſſence qui fait qu’ils exiſtent ou qu’ils n’éxiſtent pas. Il n’eſt aucun Corps, quelque mol qu’il paroiſſe, qui n’ait quelque Solidité. D’ailleurs, les prémieres & les principales Parties, dont tous ſont compoſez, ſont extrêmement ſolides : & ceux, qu’elles forment ne paroiſſent mous & ſans réſiſtance, que par les petits Vuides qui ſont interceptez entre elles, & qui leur donnent moïen de céder aiſément. Si l’on conſidere la Poudre de Diamant, on verra, que, quoi qu’elle paroiſſe molle, les Parties dont elle eſt compoſée, ſont extrêmement dures.

Si l’Eſſence du Corps conſiſte dans