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étendue en Longueur, Largeur, & Profondeur, ils diſent que c’eſt un Corps, & une Subſtance matérielle, puiſqu’il eſt impoſſible, que ce qui n’eſt rien ait de l’Extenſion. Ainſi, ils concluent que l’Eſpace qu’on ſuppoſe vuide étant étendu, il faut qu’il ſoit au contraire matériel, &, par conſéquent, qu’il n’y ait point de Vuide. La Nature, ajoutent-ils, ne fait rien en vain. Or, le Vuide, s’il éxiſtoit, ſeroit inutile. Donc, il n’exiſte point. D’ailleurs, l’Ordre & l’Arrangement de l’Univers ſemble demander une parfaite Enchainure dans les Parties : & ſon Harmonie ſeroit interrompue, s’il y avoit du Vuide entre les Corps[1].

    chant au Levant, comme ce Vaiſſeau en fait du Levant au couchant, il nous ſemblera derechef que celui qui eſt aſſis à la Poupe ne change point de Lieu, pour ce que nous déterminerons ce Lieu par quelque Point immobile que nous imaginerons être au Ciel : & ſi nous penſons, qu’on ne ſauroit rencontrer en tout l’Univers aucun Point qui ſoit véritablement immobile,… nous concluront qu’il n’y a point de Lieu d’aucune choſe au Monde, qui ſoit ferme & arrêté, ſinon entant que nous l’arréterons en notre Penſée. » Des-Cartes, Principes de Philoſophie, II part. pag. 81.

  1. Mais tous Corps ſont liés d’un ſi ferme Aſſemblage,
    Qu’il n’eſt rien vuide entre eux. C’eſt pourquoi le