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de celle qu’il donne de l’Eſſence de la Matiere.



§. X.

de l’Essence de la Matiere.


Nous ſaurons, dit Des-Cartes, que la Nature de la Matiere, ou du Corps pris en général, ne conſiſte point en ce qu’il eſt une Choſe dure, ou péſante, ou colorée, ou qui touche nos Sens de quelque autre Façon : mais ſeulement en ce qu’il eſt une Subſtance étendue en Longueur, Largeur, & Profondeur[1].

Prenez garde, Madame, que, ſelon ce Philoſophe, par-tout où il y a de l’Etendue, il faut qu’il y ait de la Matiere. Ainſi, vous ne devez plus être ſurpriſe qu’il ſoutienne, qu’un Vaſe ne ſauroit reſter vuide de tout Corps, même par le Pouvoir de Dieu ; puiſque, d’un Bord à l’autre, il y auroit une Etendue, & que qui dit Etendue dit Matiere. Or, Dieu ne ſauroit changer l’Eſſence des Choſes : il ne ſauroit faire, qu’un Bâton n’ait deux Bouts, qu’un

  1. Des-Cartes, Principes de Philoſophie, II Part. pag, 73.