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d’un Côté à l’autre de ce même Vaſe, ſi l’Eau, l’Air, & tout autre Corps, en étoit ôté, enſorte qu’il n’y reſtât plus rien. Voilà les Définitions des deux Etendues différentes qu’admettent ceux qui croïent qu’il y a des Eſpaces immenſes vuides de tous Corps au-delà des Bornes du Monde. Suppoſons, diſent-ils, que Dieu place un Homme aux Extrémitez des Corps corporels, (ce qu’on ne peut nier qu’il n’ait la Puiſſance de faire, ſi l’on ne ſuppoſe pas le Corps infini, ce qu’on ne ſauroit faire ſans anéantir la Divinité, puiſqu’il y auroit pluſieurs Infini : ) ſuppoſons donc, que cet Homme étende ſon Bras. S’il le peut faire, il le mettra dans un Endroit où il y avoit auparavant un Eſpace ſans Corps : &, s’il n’en a pas le pouvoir, il en ſera donc empéché par quelque Choſe, qui eſt au-de-là des Bornes du Monde & de l’Eſpace ; ce qu’on, ne ſauroit comprendre, & qui ne peut ſe dire[1]. Il faut donc,

  1. Præterea ſi jam finitum conſtituatur omne quod eſt Spatium, ſi quis procurrat ad Oras Ultimus extremas, jaciatque volatile Telum Invalidis utrum Contortum Viribus ire Quò fuerit miſſum, mavis, longè que volare, An prohibere aliquid cenſes, obſtrareque poſſe ?