Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



§. VII.

de la Création du Monde.


Vous voïez, Madame, que les anciens Philoſophes, ignorant le Miſtere de la Création de l’Univers, ont été partagés dans leurs Sentimens, & que nous ſerions encore dans des Doutes qui ne pourroient être éclaircis, ſi la Révélation ne déterminoit notre Croïance. Elle eſt même contraire à l’Opinion la plus probable : &, ſi nous penſons que le Monde ait été tiré du Néant, & que de rien toutes Choſes aient été faites, c’eſt la Foi ſeule, qui nous y contraint, & qui tient notre Eſprit captif, prêt à ſe révolter contre des Idées qui lui pa-

    Hippocrate ſembloit reconnaître pour Dieu la Chaleur qui eſt repandue par tout le Monde. Ce Siſtême approchoit de celui de Spinoſa : car, Hippocrate croïoit que l’Ame n’étoit autre choſe que le Calidum innatum, ou la Chaleur naturelle. Je crois que le Paſſage qui ſuit prouve mon Sentiment. Δοκέει δέ μοι ὃ καλέομεν θερμὸν, ἀθάνατόν τε εἶναι καὶ νοέειν πάντα καὶ ὁρῇν καὶ ἀκούειν καὶ εἰδέναι πάντα, καὶ τὰ ὄντα, καὶ τὰ μέλλοντα ἔσεσθαι. Quod Calidum vocamus id mihi immortale eſſe videtur, cunctaque intelligere, videre, & audire, cireque pmnia, tum præſentia tum futura. Hippocrates de Carn. pag. 249.