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probable[1].

  1. « Je penſois, » ajoute Gaſſendi, « que cela ne dérogeoit aucunement à la Foi, en ce que cet Ame ſeroit cenſée n’être autre choſe qu’une certaine Force dépendante de Dieu, & être une Ame à ſa maniere, c’eſt-à-dire, d’une Eſpece particuliere, différente de la ſenſitive & de la raiſonnable, & nommément incapable des Dons ſpirituels de la Grace & de la Béatitude… Or, je rapporte ce Paſſage, afin que, lorſqu’on le lira, & qu’on verra enſuite en divers Endroits de cet Ouvrage, que Mr. Gaſſendi a beaucoup de Pente à croire, non-ſeulement que la Terre, la Lune, le Soleil, & tous les autres Globes qui compoſent la Machine du Monde ont chacun leur Ame à leur manière, prenant a-peu-près l’Ame à la manière de Démocrite, d’Hippocrate, & d’Ariſtote ; mais, qu’il n’y a preſque rien en particulier qui ne ſoit animé, comme les Pierres précieuſes, l’Aimant, les Plantes, & les Sémences, & qui n’ait ſon Ame à ſa maniere, par le Moïen de laquelle il connoît, pour ainſi dire, & ſait ce qui lui eſt propre, & qui fait pour ſa Conſervation, ou fuit ce qui lui eſt nuiſible, & qui va à ſa Deſtruction : afin, dis-je, que lorſque l’on verra, en pluſieurs Endroits de cet Ouvrage, l’Inclination que Mr. Gaſſendi a pour cette forte d’Animation, par le Moïen de laquelle il ſe tire de mille Difficultez, l’on n’aille pas s’imaginer, qu’il ait donné dans l’Opinion de ces anciens Pytagoriciens, & autres ſemblables, ou dans celle de Flud ; puiſqu’il réfute l’une & l’autre comme très ridicules, & indignes d’un Philoſophe de Bon-Sens. » Bernier, Abregé de la Philoſophie de Gaſſendi, Tom. I, pag. 117.